Lettre D’information Juin 2021

LA VIE DE CITOYENS CONGOLAIS DU SUD-KIVU EN RDC EST EN DANGER.

La RDC est-il un pays sans loi ni gouvernement ? Cette question mérite une attention à plus d’un titre et la réponse permet d’éclaircir des zones d’ombres que la plupart des personnes qui suivent de près la situation sécuritaire au Sud-Kivu, à l’est de ce pays, ont difficile à saisir soit la nature du conflit soit la composition d’acteurs dans ce conflit. Dans la situation normale d’un Etat, la loi et le gouvernement sont des piliers qui imposent l’ordre et la sécurité dans l’espace national.

En effet, la RDC affiche des lacunes considérables en considérant les violations des droits et libertés des citoyens dans certains coins de ce pays. La communauté banyamulenge à l’Est de la RDC ne cesse de crier à qui veut l’entendre pour demander la protection de leurs droits en tant que citoyens congolais. Les Banyamulenge sont des Congolais comme tous les autres. Mais depuis 2017, ils sont victimes d’un complot de déracinement préparé et exécuté par une coalition des groupes armés locaux et étrangers. Cette situation est inacceptable compte tenu de l’objectif poursuivi du déracinement d’un peuple autochtone de sa terre et de la nature des alliances des acteurs de ce complot dans ce territoire du pays.

Les informations viciées, souvent répandus, parlent d’un conflit inter-ethnique opposant des communautés ethniques composées d’agriculteurs d’une part, et de la communauté Banyamulenge composée d’éleveurs de gros bétail, d’autre part. Mais, il s’agit, en réalité, de la coalition des groupes armés locaux et étrangers, dont l’idéologie ethniciste a développé et propagé des messages sur des médias divers, de haine ourdie contre le groupe minoritaire de Banyamulenge. Les actes des violences de cette coalition vont jusqu’ à créer des conditions de vie chaotiques de ces citoyens congolais vivant dans cette partie du pays. Les villages entiers des Banyamulenge ont été détruits et leurs biens, y compris les vivres ont été pillés et le bétail abattus ou emportés. La population en fuite, se trouve maintenant dans des camps des déplacés où ils sont sans protection.

La population Banyamulenge de toute la contrée de Rurambo, dans le territoire d’Uvira  a été récemment obligée de fuir après des attaques de la coalition des Rd-tabara et Mai Mai. Ils sont à présent regroupés dans des camps à Bwegera au Nord, loin  d’Uvira. Certains membres de cette population ont été massacrés, d’autres emportés comme butins. Les conditions sanitaires sont déplorables dans ces camps où ils sont regroupés, et déjà, on enregistre aujourd’hui des morts, victimes des maladies, notamment de la malaria qui domine dans cette zone qui, généralement, est une zone de basse altitude, où une chaleur allant jusqu’à plus de 35°, occasionne des conditions désastreuses des maladies de tout genre. Il n’y a pas de soins de santé qui pourraient permettre cette population, habituée à vivre sur une haute altitude de survivre. Il faut signaler en passant que ce camp des déplacés de Bwegera s’ajoute aux autres qui existent depuis deux ans déjà à Minembwe, à Mikenge et à Bijombo, sur les Hauts-Plateaux d’Uvira.

Cette population lance des cris d’alarmes étant donné qu’elle manque aussi de l’assistance de la part du gouvernement ou d’autres organisations d’assistances humanitaires. De plus, le lieu où ils se sont réfugiés, de la plaine de la Ruzizi, est le bastion des groupes armés qui tuent et font des kidnappings des membres de cette population. Aujourd’hui, des membres de familles sont à la recherche en vain des enfants que les Mai Mai ont emportés à des moments différents de ce camp de refuge. Cela est devenu une pratique courante, s’ils ne tuent pas ces mineurs, ces groupes demandent aux familles de ces enfants, de grosses sommes d’argent pour pouvoir les libérer. Devant cette situation chaotique, le gouvernement est absent, et la population vulnérable est abandonnée à son propre sort.

Vue cette situation, l’on a droit de revenir à cette la question départ concernant la responsabilité de l’Etat et son armée qui ne remplissent pas leur mission de la protection de sa population contre des groupes armés y compris ceux en provenance des pays voisins.

S’agissant de la sécurité, il y a déjà quatre ans que cette situation existe et évolue de mal pis. Le comble en cela est l’absence de l’autorité de l’Etat, doté de la loi sur les droits de ses citoyens, et d’autres moyens logistiques puissants de sécurité, qui ne se soucie pas de cette situation d’insécurité récurrente qui rend de plus en plus la zone Est de la RDC, le théâtre des violations des droits humains à l’instar de celle des Boko Haram, dans le Sahel, ou des terroristes djihadistes au Moyen-Orient. Les assaillants brandissent, dans cette zone de l’Est de la RDC, la cause erronée des identités pour justifier leurs actes de barbarie. Le constat plus amer est que, l’armée gouvernementale, là où elle ne s’implique pas dans l’affaire de déstabiliser la population, elle se met à l’écart des situations d’insécurité où son intervention était plus attendue.

Entre autres conséquences qui s’ajoutent à ce contexte d’insécurité, sont celles des enfants qui ne peuvent pas se rendre à l’école, et cela depuis maintenant quatre ans. Moins encore leurs soins de santé ne sont pas assurés, et même leur alimentation quotidienne non garantie dans le milieu où leurs familles se sont réfugiées.

De plus, l’absence de logements suffisants dans ces camps de déplacés font que les familles sont entassées, les unes sur les autres, dans des lieux insalubres et dont la chaleur extrême suscite des inquiétudes des maladies comme nous l’avons dit ci-haut. Les conditions de la malnutrition sont aussi observables dans ces camps de refuge.

Le gouvernement fait fi de cette situation. L’on s’interroge à propos du devoir de protection de sa population où les groupes armés font la loi dans cette partie du pays. Les éléments de l’armée gouvernementale qui collaborent avec ces groupes armés pour pérenniser cette insécurité de la population ne sont aucunement interpellés soit par leurs autorités militaires ou le gouvernement.

D’où l’on a droit de dire en concluant que l’Etat et son armée en RDC devraient remplir leurs responsabilités visant-à-vis de leur population, ainsi que de la sécurisation de ses frontières pour empêcher l’entrée des troupes des pays voisins qui se déroule au vu et au su de la population qui habite le voisinage de ces frontières, et même leaders politiques locaux et des militaires ainsi que d’autres leaders de la société civile.

Nous utilisons des cookies essentiels et des technologies similaires conformément à notre Politique de Confidentialité et, en poursuivant votre navigation, vous acceptez ces conditions.